Mon interview avec Magic Maman - Enquête : peut-on soulager les mères de la charge mentale ?

  • Burn-out parental / professionnel
  • 12 Octobre 2021
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Mon interview avec Magic Maman

Enquête : peut-on soulager les mères de la charge mentale ?

Attention, batterie faible ! Beaucoup de mamans sont fatiguées d'avoir à penser à tout pour assurer le bon fonctionnement du foyer. Aujourd'hui encore, la charge mentale pèse en majorité sur les femmes, qui frôlent parfois le burn out. Et la crise sanitaire n'a pas participé à un meilleur équilibre.

T'as pensé à acheter de la farine ? T'as pensé à préparer ses affaires pour le judo ? T'as pensé à réserver pour les vacances ?» Ce début de phrase, « T'as pensé à », illustre à lui seul le poids de la charge mentale. Derrière cette expression, entrée au Larousse en 2020, se cachent toutes les choses auxquelles les femmes doivent constamment penser, une sorte de double travail invisible. Car même si les compagnons participent, ils se font surtout exécutants, là où la femme est bien souvent « cheffe de projets »: choisir les menus, faire la liste de courses et gérer les plannings de toute la famille. Pour dénoncer ce phénomène, Coline Charpentier – sous le pseudonyme « Marie» –, une mère de famille féministe, a décidé de lancer le compte Instagram « T'as pensé à », à l'origine d'un livre du même nom : « Mes copines semblaient toutes dans le même état. Elles regardaient l'heure en se demandant comment passer au supermarché avant le biberon, comment caser les devoirs tout en donnant le bain à la petite. Je les voyais sur leur portable gérer des listes et le planning. Ce compte Instagram permet de rendre visible le poids d'une charge mentale déséquilibrée dans un couple. Il met des mots sur le mal-être profond et inexplicable que l'on peut ressentir. » La jeune femme a été surprise par le nombre incroyable de témoignages reçus et compte aujourd'hui plus de 161 000 abonnés.

Devoir penser à tout, tout le temps

Comme cette jeune maman, beaucoup de femmes sont fatiguées d'avoir à penser à tout pour assurer le bon fonctionnement du foyer, car aujourd'hui encore, cette charge mentale pèse en large majorité sur elles. D'après l'étude magicmaman menée par l'IDM – Families, 91 % des mères ont le sentiment de devoir penser à trop de choses depuis qu'elles sont mamans. En moyenne, elles évaluent leur charge mentale à 7/10. Pire : près d'1 mère sur 2 (48%) déclare avoir une charge mentale très importante, et l'évalue entre 8 et 10/10. Un taux plus important auprès des multipares (55 % vs. 38 % pour les mères d'un seul enfant). Or, cette charge mentale a un impact sur le quotidien : 83 % des mères déclarent qu'elle engendre de la fatigue, 56 % une irritabilité et 46 % du stress. Pour 35 % des mères, elle peut également faire naître des tensions au sein du couple. Pour 55 % des mères, la tendance s'est même accentuée depuis plus d'un an et demi, avec la crise sanitaire. Cependant, celles pratiquant le télétravail estiment à 58 % que leur charge mentale est soulagée.

Quand la charge mentale est trop lourde

Les conséquences de cette charge mentale peuvent aller plus loin. Quand elle est trop difficile à supporter, certains couples et certains parents peuvent succomber à la fatigue, la dépression, voire au burn out parental. C'est ce qu'a vécu Cathy Guillaume. À l'arrivée de son deuxième enfant, elle sent qu'elle n'y arrive plus.

« La vie de parent génère souvent du stress. Les mères ont ce sentiment de devoir penser à tout, mais parfois, cette charge mentale est trop lourde », commence-t-elle. « J'étais là physiquement pour m'occuper de mon enfant, mais mentalement, j'étais ailleurs. Je m'échappais pour ne pas craquer. Je ne prenais plus aucun plaisir à prendre soin de lui », raconte-t-elle.

Avec Stop au burn-out maternel, cette psychologue livre ainsi son expérience de Cocotte-Minute prête à exploser, en espérant aider d'autres mamans.

Vers une meilleure répartition des tâches au sein du foyer

Il existe des moyens de prévenir ces situations extrêmes et d'agir à la source. C'est l'objet de l'ouvrage de Cathy, dans lequel elle détaille la manière dont elle a réussi à dépasser son épuisement. Réussir à déléguer et partager semble être la clé. D'après notre étude, 81 % des mères souhaiteraient avoir une aide : de leur conjoint avec une meilleure répartition des tâches (42%), et/ou en faisant appel à un service d'aide à la personne (38%), ou encore à sa famille/ses amis (32 %). Notamment, 59 % des mères souhaiteraient déléguer le ménage, et 40 % la préparation des repas. « Plus que tout, j'aimerais que mon mari prenne en charge certaines tâches du foyer de A à Z. Passer la serpillière, c'est bien. S'assurer que l'on a du produit pour le sol avant, et en acheter le cas échéant, c'est mieux. Pareil pour les courses : ce qui me prend du temps, ce n'est pas simplement le fait d'y aller, c'est de prévoir que l'on ait tout ce dont on a besoin pour la semaine, penser aux goûters des enfants, prévoir l'apéro pour les amis que l'on a invités, etc. C'est pas gagné !» résume Nadège, l'une de nos lectrices, mère de trois enfants.

Le congé paternité à la rescousse de la charge mentale

De nombreux sociologues ont observé que la répartition des tâches se déséquilibre fortement à l'arrivée du premier enfant. Or, si l'on veut que notre partenaire, en l'occurrence l'homme, prenne en charge certaines missions, il faut bien qu'il en ait la pleine responsabilité. Avec l'allongement du congé paternité, un premier pas est franchi. Tristan Champion, auteur de La Barbe et le Biberon, en est convaincu. Ce père de trois enfants va plus loin, en incitant les hommes à prendre les jours qui leur sont autorisés seuls, quand la mère a repris le travail : « Cela permet de devenir le seul pilote. Quand j'ai eu mes jours sans ma femme, j'étais, de fait, obligé de prendre plus de responsabilités. Pour la mère, cela l'oblige également à lâcher prise, à faire confiance à son compagnon, et donc à partager la charge mentale », explique-t-il. Car si les hommes ont leur responsabilité à prendre, les mères doivent également être prêtes à ce difficile lâcher-prise face à leur désir de perfection, comme le détaille Aurélia Schneider, auteure de La Charge mentale des femmes… et celle des hommes : « Avant de savoir faire, elles ont fait des erreurs, elles aussi. Elles doivent laisser leur compagnon faire leurs apprentissages. Le père a la même volonté que la mère que tout se passe bien et que leur enfant se porte bien. Alors tant pis si la tenue de votre bébé n'est pas à votre goût, ou s'il n'a pas pris votre marque de lessive habituelle. À force, vous vous sentirez beaucoup mieux en étant plus flexibles sur certaines questions. »

Être un bon parent à l'heure des réseaux sociaux

Selon elle, conscientiser cette problématique est un premier pas vers un mieux-être : « Le problème, c'est quand ces pensées ou manières de faire influencent notre bonheur, voire notre santé. Il n'y a aucun problème à repasser tous vos vêtements et vos draps si c'est votre truc, mais il faut lâcher prise ailleurs pour trouver un équilibre, sinon, vous allez craquer. Éloignons-nous de cette image d'Épinal de superwoman ou de Shiva des temps modernes. » Devenir parent entraîne un flot de questionnements. On doute beaucoup, et on a le sentiment de se tromper souvent. Face aux vies parfaites de certains parents sur les réseaux, qui semblent en pleine harmonie de couple, dont les enfants sont toujours parfaitement habillés… difficile de ne pas se sentir dépassés. « Il est important de se dire qu'un mauvais parent n'existe pas. Il est impossible de penser à tout ! On le répète souvent : les réseaux sociaux ne sont pas le reflet de la vraie vie. Tous les parents galèrent à un moment ou à un autre !» conseille-t-elle.

Pour une mutation en profondeur de la société

Cette nouvelle génération d'hommes plus impliqués et les questions d'égalité des sexes toujours plus présentes vont-elles arriver à bout de cette charge mentale ? Les mères semblent avoir du mal à envisager un changement en profondeur pour l'avenir. Pourtant, réussir à installer un meilleur équilibre, c'est aussi penser aux futures générations. « Quand on comprend que le problème vient de notre éducation et des modèles genrés, on a encore tout un chemin à faire. C'est une révolution du couple et des modèles d'éducations que je propose », explique Coline Charpentier à propos de son ouvrage. « C'est à cette génération de faire bouger les choses ! » insiste Aurélia Schneider. Notre maman témoin Nadège a décidé d'arrêter de reproduire le schéma qu'elle a observé chez sa mère : « Si nous voulons transformer la société, il faut commencer par changer ce modèle de famille. Nous devons être des modèles d'égalité au sein de notre foyer pour nos enfants, et je mets un point d'honneur à traiter en égaux mon fils et ma fille devant les tâches domestiques. » La charge mentale, l'arbre qui cache la forêt de l'inégalité entre les sexes ?

Cette nouvelle génération d'hommes plus impliqués et les questions d'égalité des sexes toujours plus présentes vont-elles arriver à bout de cette charge mentale ? Les mères semblent avoir du mal à envisager un changement en profondeur pour l'avenir. Pourtant, réussir à installer un meilleur équilibre, c'est aussi penser aux futures générations. « Quand on comprend que le problème vient de notre éducation et des modèles genrés, on a encore tout un chemin à faire. C'est une révolution du couple et des modèles d'éducations que je propose », explique Coline Charpentier à propos de son ouvrage. « C'est à cette génération de faire bouger les choses ! » insiste Aurélia Schneider. Notre maman témoin Nadège a décidé d'arrêter de reproduire le schéma qu'elle a observé chez sa mère : « Si nous voulons transformer la société, il faut commencer par changer ce modèle de famille. Nous devons être des modèles d'égalité au sein de notre foyer pour nos enfants, et je mets un point d'honneur à traiter en égaux mon fils et ma fille devant les tâches domestiques. » La charge mentale, l'arbre qui cache la forêt de l'inégalité entre les sexes ?

 

Article Paru du Magic Maman le 14/09/21, rédigé par Julie Caron

Enquête : peut-on soulager les mères de la charge mentale ?